

Maurice LOUVRIER (1878-1954) : Le port de Rouen. huile sur panneau, vers 1930. sbd 62 x 70 cm
Pour son exposition d’hiver, " Brumes et Fantômes " la Galerie Bertran rend hommage au peintre Maurice LOUVRIER (1878-1954) Du 9 décembre 2022 au 25 février 2023, nous présenterons ses peintures, dessins et aquarelles. De 1900 aux années 1950 la galerie Bertran exposera au public un large éventail de sa production. Figure incontournable de la peinture rouennaise, ce peintre insolite aux multiples facettes mérite tous les hommages.
Maurice LOUVRIER (1878-1954)
- De père inconnu et abandonné par sa mère, Maurice Louvrier est recueilli et élevé par ses grands-parents après un court passage à l’assistance publique.
Garçon rêveur, son enfance insolite va marquer son imagination fertile et imprégner son travail de peintre pour le reste de sa vie. Aux côtés de son grand-père, cocher aux Pompes Funèbres de Rouen, il traverse la ville de l’aube au crépuscule.
L’imagination féconde, il laisse ses pensées vagabonder rêvant devant les chenets de la cheminée ou en flânant le long des routes, «… Le « placard aux bottes » est un grand placard à deux portes ; quand, de mes petites mains, j’ai tiré à moi celle que l’on ouvre le plus souvent, mes yeux, tout en joie, découvre la paire de bottes. Elles sont là, toutes droites, belles d’immobilité. Un papier bleu orne le fond du placard. C’est un vieux papier qui s’est usé dans l’ombre. Tout le placard sent le moisi, le cuir et la souris morte. Il est plus sombre du coté où sont pendus les vêtements. Je m’empare d’une botte et la traîne jusqu’au milieu de ma chambre ; après je vais chercher l’autre. Devant le lit qui se trouve dans cette chambre, celle de mes grands parents, il y a une pauvre descente de lit, si râpée qu’elle est plutôt un assemblage de ficelles qu’un véritable tapis. Je m’assieds sur la descente de lit et je couche les bottes devant moi. Mes deux petites jambes d’enfants, molles et maladroites, glissées dans les bottes, je reste là longtemps, je suis seul, ma grand’mère est dans la cuisine. Autour de moi, sur la cheminée, une pendule à sujet doré sous un globe. Partout, des images de sainteté sont clouées aux murs. En face de la cheminée, une commode boiteuse ajoute encore à notre misère. Dans l’encadrement de la fenêtre, j’aperçois les toits. L’hiver, quand je verrai la neige dans l’encadrement de cette fenêtre, descendre en flocons pressés, il me semblera que la maison monte au paradis…»
Maurice Louvrier – extrait de « Brumes et Fantômes », publié en 1940, préface de Pierre Mac Orlan